L'actus
du Pro Bono
5 recos pour une stratégie de mécénat de compétences réussie – spécial cabinet de conseil
Cabinets de conseil, envie de lancer un dispositif de mécénat de compétences ? Excellente idée ! On vous donne 5 recommandations à prendre en compte pour une expérience réussie.
Manon Philippe
1 févr. 2022
Les cabinets de conseil ont la particularité d’avoir des consultant.es majoritairement détaché.es dans leurs entreprises clientes ou en inter-contrat. Au moment de penser un dispositif de mécénat de compétences, quelques précautions s’imposent : le fonctionnement ne pourra pas nécessairement être calqué d’une entreprise classique.
Vous souhaitez que vos consultant.es mettent leurs compétences au service d'associations sur des missions effectuées en #probono ? Excellente idée !
On vous donne 5 recommandations* :
1. Trouvez des allié.es en interne pour faire connaître le dispositif
Vos consultant.es travaillent chez des clients : comment leur indiquer qu’un dispositif de mécénat de compétences existe ? Trouvez les bons relais au sein de vos équipes, sans oublier :
- Les consultant.es eux-mêmes ! Dans beaucoup de cabinets de conseil, l’initiative du mécénat de compétences vient d’un ou une consultante. C’est le cas pour Devoteam et FTI Consulting, par exemple. Cela répond à une envie et un besoin de certain.es collaborateur.rices : écoutez-les, et appuyez-vous sur eux pour le développer !
- Les managers intermédiaires, qui sont au contact des consultant.es
- Les commerciaux, pour qu’ils aient en tête que les consultants en mécénat de compétences ne sont pas débauchables tout de suite : il faut qu’ils puissent l’expliquer aux clients, et adapter leur discours commercial.
- Les ressources humaines, pour qu’elles intègrent les missions de mécénat de compétences dans les évaluations annuelles des consultants.
Rodez votre discours pour bien expliquer les bénéfices d’un tel dispositif : montée en compétences, soft skills, adaptabilité (une des premières compétences recherchées dans le consulting !). Appuyez-vous sur des supports de présentation de qualité, des allié.es, des relais de communication, prévoyez des interventions dans des réunions managers, comités de direction, séminaires...
Bonne pratique
Dans chaque entité/direction de votre cabinet, trouvez quelques interlocuteurs intéressés, fiables et qui sont prêts à un prendre un peu de leur temps, dans la durée, pour promouvoir et s’impliquer dans le dispositif. Mettez en place une gouvernance et des process qui les impliquent et appuyez-vous sur eux pour passer le message, ils seront vos meilleurs ambassadeurs !
L’acculturation de l’entreprise se fait progressivement : allez-y pas à pas !
2. Cadrez (& comprenez) le besoin des associations que vous souhaitez accompagner
Le fonctionnement d’une association ne s’apparente pas à celui des grandes entreprises clientes des cabinets de conseil. Le besoin est généralement moins cadré dans une association que sur une mission de conseil classique, et les associations ont généralement des équipes moins structurées que des gros clients. Le vocabulaire utilisé pour parler de choses plus ou moins techniques peut également être différent. Ne l’oubliez pas !
Soyez bien clair dès le début de la mission sur le besoin de l’association d’un côté, et les moyens et compétences nécessaires pour y répondre de l’autre. Posez-le par écrit avec l’association pour que le contenu de la mission soit clair pour vous, comme pour l’association.
"Quand on travaille avec des associations, c’est moins structuré que ce dont on a l’habitude chez FTI Consulting : mes clients sont principalement des avocats et des financiers. Avec l’association le rapport est plus humain, c’est le gros avantage, ça nous fait voir autre chose, c’est un peu moins cadré mais c’est là aussi où on a une valeur ajoutée en tant que consultant." Timothé Lambert, consultant chez FTI Consulting
Bonne pratique
La Fondation Devoteam s’appuie sur des « référents mécénat » dans chacun de ses cœurs de métier. Ces référents prennent en charge la qualification des besoins associatifs en amont de chaque mission. Qualifier un besoin nécessite une certaine méthodologie et une expertise maîtrisée : nous vous conseillons de donner ce rôle à des managers plutôt que des juniors.
3. Veillez à la préparation et l’encadrement de vos consultant.es engagé.es
Être motivé.e, c’est le premier pas vers l’engagement ! D’autres qualités humaines comme l’écoute et la capacité d’adaptation sont essentielles. Savoir travailler en autonomie, structurer un projet et aller rapidement dans la production est aussi important pour mener à bien une mission en mécénat de compétences.
Avant d’envoyer vos consultant.es en mission, assurez-vous qu’ils aient les compétences, soft et hard, pour la mener à bien, ou qu'ils soient encadrés. Dans le cas de juniors, assurez-vous qu'ils aient un manager qui puisse lui fournir la méthodologie et contrôler les livrables notamment. Vous risquez sinon une expérience décevante pour l’association comme pour le consultant.e.
Une mission de mécénat de compétences est aussi une manière de monter en compétences, de manière différente ! Ce fut le cas pour Timothé, consultant chez FTI Consulting :
« J’ai fait une mission sur le modèle économique de l’UNAPEI. C’est la première fois que j’étais manager sur une mission comme ça. La directrice de l’association était très contente et on espère que des résultats concrets vont arriver cette année suite à ce travail. L’entreprise a un côté école : tout est cadré. Le mécénat de compétences nous permet de sortir du cadre et ça fait vraiment plaisir. Ca m’a donné envie de monter en responsabilité et de continuer à monter en compétences. »
Bonne pratique 1
Certaines personnes peuvent avoir une vision réduite du champ associatif : vous pouvez prévoir des temps de sensibilisation à l’ESS et au fonctionnement des associations avant les missions.
Bonne pratique 2
S'appuyer sur votre réseau de consultant.es / managers engagés pour trouver les bons profils.
Bonne pratique 3
Ce sont plutôt des profils « junior » qui s’engagent sur les missions ? Si c’est en équipe, veillez à ce qu’il y ait un profil senior dans l’équipe. Si c’est sur une mission individuelle, vous pouvez créer un rôle de « référent » pour qu’un senior suive la mission avec le consultant.e junior et soit à sa disposition si besoin de trouver des solutions. Une belle manière de monter en compétences !
4. Anticipez la remobilisation de vos consultant.es en intercontrat
Un.e de vos consultant.es commence une mission de mécénat de compétences pour une association, qui doit revoir son modèle économique. La mission doit durer une semaine. Le mardi, il ou elle doit tout arrêter car il ou elle est remobilisé.e auprès d'un client le lendemain. Frustrant pour le volontaire, et handicapant pour l'association qui doit avancer sur ce sujet stratégique !
Une mission auprès d'un client primera toujours sur celle en mécénat de compétences. Mais vous pouvez limiter les impacts négatifs :
- En prévenant les commerciaux : s'ils savent que les consultants en mécénat de compétences ne sont pas débauchables tout de suite, ils peuvent l’expliquer aux clients, et adapter leur discours commercial. Un délai de 1-2 jours peut servir à clôturer des sujets ou à les transmettre à quelqu'un d'autre !
- En mobilisant en équipe plutôt qu'en individuel : si une personne part, le ou les autres peuvent assurer le suivi.
- En mobilisant un.e autre consultant.e pour prendre le relai : appuyez-vous sur votre cercle de consultant.es engagés pour cela, ils sauront peut-être vous orienter !
5. Abordez les missions de mécénat de compétences avec le même sérieux qu'une mission de conseil pour un client... ou presque
« Une mission de mécénat de compétences = un objectif. Une fois qu’il est déterminé, il faut tout faire pour l’atteindre ! »
Le mécénat de compétences peut prendre la forme d’une mission de conseil, avec un ou plusieurs de vos consultant.es mobilisé.es. Dans ce cas, il est important de considérer l’association comme un client, et de s’imposer le même professionnalisme, la même qualité de rendu... Mais avec de l'humain, quand même !
Incitez les consultant.es à prendre le temps de découvrir l’association avant de se lancer dans une mission. Cela permet de s’acculturer, de comprendre le contexte et les méthodes de travail de l'association, de s’assurer de sa motivation et que le feeling passe avec l’association et ses dirigeants ! S'engager, c'est aussi donner de soi et le feeling humain est important.
« Notre système de mesure d’impact a été construit avec un bénévole hyper pointu, qualitatif. J’ai perçu dès le premier échange que ça allait matcher : il avait des qualités humaines et d’accompagnement structurantes dans la démarche. On a pas mal pris le temps d’échanger sur le projet associatif, ça nous a vraiment tiré vers le haut, et ça nous a aidé à préciser notre demande. Je suis d’ailleurs resté en lien avec lui ! » - Yves Rey-herme, Directeur de Coop-ère
« On sent qu’il y a un regain d’adhésion à l’entreprise suite à ces missions-là. Comme on dit, « Eager to leave, happy to stay ». C’est une bouffée d’air de sortir du cadre de l’entreprise. Et voir l’impact de son travail, c’est très important. Chez nos clients, on est un consultant parmi des dizaines et on ne voit pas bien à quoi on a servi. Quand on travaille pour une association, au contraire, on voit l’impact concret de ce qu’on fait : c’est assez magique ! » Sarah Le Mesre, responsable de la Fondation Devoteam
Aller + loin :
- Témoignage d'Yves Rey-herme, Directeur de Coop-ère
- Témoignage de Sarah Le Mesre, responsable de la Fondation Devoteam
- Témoignage d'Alexandra Rossi, Chargée des partenariats et développement d'Objectif pour l'emploi
- Replay de l'événement "le mécénat de compétences et les cabinets de conseil"
* Ces recommandations ont été en partie construites grâce aux témoignages de :
- Timothé Lambert, consultant chez FTI Consulting (cabinet de conseil spécialisé dans l’investigation bancaire)
- Sarah Le Mesre, responsable de la Fondation Devoteam (cabinet de conseil spécialisé dans le digital)
- Yves Rey-Herme, Directeur de l'association Coop-ère