L'actus
du Pro Bono
Note de prospective : le mécénat de compétences longue durée
Avec les cycles d’échanges et de prospective, l’Observatoire du pro bono organise et anime la réflexion collective autour de l’engagement par le partage des compétences. Dans ce dernier cycle de l'année, on s'intéresse à la notion de mécénat de compétences longue durée.
Manon Philippe
9 janv. 2025
En repensant l'engagement philanthropique au-delà des initiatives ponctuelles, le mécénat de longue durée, bien qu’encore relativement confidentiel, peut représenter une opportunité de réponse à des enjeux d’actualité tout en favorisant la création de liens durables entre les secteurs privé et associatif.
Quand pour les associations, cette modalité répond au besoin crucial de mobiliser des bénévoles sur la durée et d’assurer la pérennité de leurs activités, du côté des entreprises, l'adoption d'une approche de mécénat sur le long terme permet d’offrir à leurs équipes une opportunité d’engagement plus soutenue ainsi qu’une expérience apprenante et enrichissante au sein d’un univers différent, à condition que le départ et le retour de mission soit bien accompagné et valorisé.
Si le dispositif de mécénat de compétences longue durée est séduisant sur le papier, la mise en pratique de cet engagement demeure complexe et soulève de nombreux défis largement mis en exergue par l’étude d’impact sur le mécénat de compétences réalisé par KIMSO et la recherche de l’INJEP, toutes deux réalisées en partenariat avec Pro Bono Lab. Vous l’aurez compris, ce sujet nous tient à cœur depuis longtemps.
Ces deux recherches mettent en exergue plusieurs points de vigilance sur lesquels nous reviendrons tout au long de cette note de prospective.
Tout d’abord, des décalages de compréhension ou valeurs peuvent réduire l’impact du mécénat de compétences. Ainsi 45% des associations citent le décalage de valeurs entre le salarié et l’association comme risque d’échec sur ce dispositif. Le mécénat de compétences peut se heurter à certains décalages : entre l’équipe associative, souvent jeune et engagée et le profil du salarié d’entreprise au vécu et à l’expérience autres ; entre la culture de l’association et la culture de l’entreprise ; entre le cahier des charges établi par l’association et l’expertise du salarié qui s’engage.
Le statut hybride du salarié d’entreprise (ni vraiment salarié, ni bénévole) engagé en mécénat de compétences est source de complexité et peut venir faire obstacle au déploiement des missions pour l’association.
L’approche du mécénat de compétences est encore majoritairement descendante, à l’initiative des entreprises, et centrée sur leurs enjeux. Les associations interrogées n’ont par exemple pas toujours la possibilité de choisir les salariés volontaires qui les rejoignent (seules 44% affirment avoir pu choisir). Il y a donc un enjeu d’une plus grande adaptation aux besoins et attentes des associations.
Côté salarié c’est au suivi, et à la préparation du retour du collaborateur en entreprise auquel nous prêterons attention.
Entre gestion des ressources humaines, relation tripartite entre entreprise, salarié, et structures d’accueils les enjeux autour du mécénat de compétences sont multiples.
Quelles démarches peuvent être mises en place pour s'assurer que le mécénat de fin de carrière soit adapté aux salariés et réponde aux besoins spécifiques des associations ? Comment bien gérer le retour de mission, valoriser les apprentissages et/ou la transmission de compétences à l’association ? Quelles sont les opportunités pour les entreprises ?
C’est toutes ces questions que nous aborderons dans cette note de prospective.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre livrable et compte rendu de ce cycle de prospective.
Livrable et compte rendu du cycle de prospective compétences manuelles et prospective : ici
Ce cycle de prospective a été organisé en partenariat avec l'Alliance pour le Mécénat de Compétences avec le soutien de la Poste, la Fondation Onet et Allianz.
Nous tenons à remercier les participants de ce cycle de prospective : Diane Emdin (Vivendi), Heloise Martin (Petits frères des pauvres), Marjorie Beltranda (Fondation Occitane), Andrea Sanchez (Work of Social), Sarah Walbert Courtin (Suez), Patrick Poulain (Suez), Marie Bonnaffe (Chanel), Thierry Adolphe, (Fondation TotalEnergies), Caroline Daubourg (Fondation TotalEnergies), Caroline Coudert (Agence IDIX), Nathalie Bouchetière (Onet),Sébastien Poivrot (Crédit mutuel alliance Fédérale), Isabelle Million (Alliance pour le mécénat de compétences). Merci à eux pour leur contribution !
Merci également à Michel Vlahovitch (France Active), Nastya Makouke (Article 1) et Mathilde Renault Tinacci (INJEP) pour leurs témoignages.