L'actus
du Pro Bono
Evolution de l'accompagnement des structures associatives : constats, besoins et pistes de réflexion
Cette note s'inscrit dans la lignée des travaux du « G10 » - Groupe informel d'échanges et de réflexions de dirigeants de structures d'accompagnement du secteur associatif, dont Pro Bono Lab fait partie.
Pro Bono Lab
28 nov. 2023
Pourquoi cette note ?
Le G10 réfléchit aux besoins d’accompagnement du secteur associatif par un croisement de regards de praticiens de terrain. Il a publié en 2012 une note intitulée « évolutions de l’accompagnement des structures associatives » qu’il a ensuite mise à jour en date du 17 juillet 2017.
Depuis l’état des lieux consolidé réalisé lors de ces précédentes notes, l’écosystème d’accompagnement a largement évolué, cette troisième édition s’efforce donc d’apporter une vision structurée et actualisée dans ces évolutions du panorama de l’offre d’accompagnement.
La note se structure de la manière suivante :
• Un état des lieux actualisé de l’offre d’accompagnement : les structures et les dispositifs
• Des constats sur l’évolution des besoins d’accompagnement ;
• Des pistes de réflexion pour mieux accompagner les mutations.
Etat des lieux actualisé de l'offre d'accompagnement
Plusieurs constatations parmi lesquelles :
• Des têtes de réseaux qui élargissent et structurent de plus en plus leur champs d'action : plaidoyer, mise en réseau, ingénierie, pilotage de projets, accompagnement personnalisé
• Une offre d'accompagnement plus fortement co-construite entre acteurs publics et acteurs de l'accompagnement associatifs. Guid'Asso est pensé comme un réseau d'accompagnement à la vie associative locale. En articulation avec Guid'Asso, le DLA reste le premier dispositif public d'accompagnement de l'économie sociale et solidaire en volume financier et accompagné 80 000 structures de l'ESS depuis sa création
• Des acteurs de l'accompagnement qui ont fortement évolué et changé d'échelle. Les dispositifs et programmes pour favoriser l'émergence et l'accélération de projets d'innovation sociale sur l'ensemble du territoire français se sont très largement développés. Incubateurs et accélérateurs dédiés, couveuses d’entreprises, générateurs de projets d’innovation sociale, se sont développés, et sont portés tant par des acteurs territoriaux que des acteurs d’envergure nationale (comme Emmaüs ou encore la Croix Rouge Française avec l’accélérateur 21)
• Une forte croissance de l'offre conseil et stratégie en management. En raison de demandes croissantes venant des dirigeants associatifs et des financeurs, l'offre de conseil et d'accompagnement en stratégie à des associations s'est largement répandue.
• Le "boom" des plateformes d'engagement. Nous observons aujourd’hui un réel accroissement des outils digitaux permettant de faciliter l’engagement des individus. Cela prend la forme de plateformes digitales qui permettent de faire se rencontrer le besoin d’une association (en temps, en compétences) et le souhait d’engagement de citoyen.nes ou de salarié.es d’entreprises.
• De nouveaux acteurs de l'accompagnement. En lien avec le développement des logiques de recherche participative, les laboratoires de recherche académiques mettent en avant de plus en plus des savoir-faire d’accompagnement (LabCom DESTINS , CNRS …). Et, au sein des collectivités territoriales, la création de services à destination des associations du territoire concerné continue de croître. Les municipalités, parfois les agglomérations ou les départements, mettent en place des lieux ressources sur les questions de vie associative.
Evolutions des besoins d'accompagnement
• Déployer et approfondir les modèles socio-économiques. Les besoins d’accompagnement sur les questions de modèles socio-économiques sont de plus en plus prégnants pour l’ensemble du secteur.
• Evaluer et rendre compte de la valeur créée. L’évaluation est un sujet qui a longtemps été très inégalement investi dans les différents secteurs qui composent le monde associatif, mais qui le concerne aujourd’hui de plus en plus largement. Cette évolution est notamment le résultat d’une corrélation de plus en forte entre les questions d’évaluation et de modèles socio-économiques associatifs ou aux démarches de responsabilité sociale des organisations. Les démarches d’évaluation de l’impact social se sont très largement développées au sein des associations, avec des approches diverses. Toutefois, elles peinent souvent à rendre compte des spécificités de l’action associative.
• Qualifier les besoins d'engagement. L’accompagnement des associations à la qualification de leurs besoins en matière d’engagement bénévole est essentiel. C’est ce que proposent de nombreux acteurs de l’accompagnement à l’engagement bénévole, notamment via la réalisation de diagnostics amont. L’enjeu clé est d’aider les associations à se questionner sur trois axes :
- La vie associative et l’animation du collectif : quels modes d’animation et de fonctionnement de l’association ?
- Le lien avec les bénévoles : quelles modalités d’accueil et d’intégration, de reconnaissance et de valorisation des bénévoles ?
- Les activités et les missions : quelles propositions de formats d’engagement ? (temporalité, compétences nécessaires ou non …)
• Articuler les écosystèmes territoriaux : collectif d'acteurs et ingénierie d'alliances. Il reste aujourd’hui un véritable besoin d’accompagnement pour accélérer ces alliances stratégiques au service de l’intérêt général entre associations, entreprises et collectivités qui restent complexes dans leur mise en œuvre.
• Passer de l'accompagnement de l'innovation à l'accompagnement "écosystémique". , Les besoins pour accompagner les projets dans des logiques de déploiement à grande échelle restent importants c'est à dire, faire en sorte que les solutions ou innovations soient disponibles partout où elles répondent à des besoins ou attentes des personnes ou des fragilités de territoire. Les accompagnements restent encore très centrés sur du développement dans des logiques de croissance de projet (type essaimage via le développement d’antennes territoriales), mais n’accompagnent pas suffisamment sur le déploiement à grande échelle (lorsque l’écosystème reprend l’innovation à son compte)
• S'attaquer à des problématiques préexistantes mais exacerbées, notamment : - L'attractivité et le renouvellement de la gouvernance, avec le vieillissement des conseils d'administration, les difficultés à impliquer et mobiliser les jeunes, à adapter la gouvernance à de nouvelles aspirations et des organisations.
- L'attractivité de l'emploi associatif avec un contexte post crise sanitaire qui amène à de plus en plus de difficultés de recrutement tout secteur associatif confondu, et conduit les acteurs de l’accompagnement tout comme les syndicats à s’interroger plus fortement sur l’attractivité de l’emploi au sein des associations, dans un contexte où les marges financières restent limitées pour mettre en place une politique salariale plus favorables.
- La transition écologique, compte-tenu des enjeux qu’elle recouvre, la question de la transition écologique est aujourd’hui transversale à tous les secteurs qui fondent le monde associatif : culture, social, santé, sport, défense des droits, jeunesse et éducation populaire…et doit être prise en compte à toutes les échelles territoriales
- Le numérique ; même si la crise Covid a profondément changé le rapport des associations aux outils numériques, les besoins en accompagnements restent importants puisque 76% des associations déclarent toujours rencontrer des difficultés avec le numérique en 2022