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Agents publics et pro bono : un lien fort entre service public et associations

La série d'entretiens "Agents publics et pro bono*" explore les pistes de mise en oeuvre de programmes pro bono ou de mécénat de compétences au sein du service public. Pour Pauline, employée d'une communauté d'agglomération, aider les associations fait partie de la mission du service public.
Manon Philippe
3 févr. 2021


Pauline** est chargée de mission égalité et lutte contre les discriminations au sein d'une communauté d'agglomération. Elle s’occupe notamment du plan de lutte contre les discriminations pour les territoires (environ 80 000 habitants), en lien avec des structures aussi bien publiques que privées (centre de formation, pôle emploi...).

1. Où en est votre collectivité par rapport au pro bono ?

On en fait déjà même si ce n’est pas formalisé comme tel, et on ne s’en vante pas, mais ce n’est pas le cas de toutes les collectivités. Dans le cadre de mes fonctions, j’ai l’impression d’en faire au quotidien. Je n’ai pas vraiment un projet en particulier en tête, mais j’ai l’impression d’en faire en tout cas. Je travaille pour d’autres structures, c’est dans la culture de la fonction publique, on le pratique. C'est dans notre ADN, c’est en nous.

En tant que collectivité, nous devons et nous voulons agir pour l’intérêt général de notre territoire.

2. Quel est le type de missions réalisées ?

Dans la communauté d’agglomération, certaines associations qui répondent aux attentes des habitants peuvent avoir des besoins, en communication par exemple. Dans ce cas-là, notre graphiste va les aider pour faire une affiche par exemple. C'est un coup de pouce pour l'association qui n’a pas de compétences en communication. Nous ne sommes pas rémunérés pour cela, mais nous le faisons car nous estimons qu’en tant que collectivité, nous devons et nous voulons agir pour l’intérêt général de notre territoire.

3. Quel est le cadre utilisé : sur temps libre ou de travail ?

Ce n’est pas officialisé mais c’est sur le temps de travail des agents : tout le monde à l’agglomération travaille comme ça.

S'il y a un événement en faveur de l’environnement par exemple, les agents vont aider sur leur temps de travail réel, même si nous ne sommes pas organisateurs : la cause environnementale est portée par l’agglomération. Ça leur paraît totalement normal et dans leur travail. Nous avons en quelque sorte du temps dédié pour cela, on a conscience que ce sont nos missions.

Ca se limite aux structures du territoire, qui ont des missions d’intérêt général, et aux causes que l’on porte. Si c'est une structure qui n'a rien à voir avec les compétences de la communauté d’agglomération ou le territoire, alors nous ne pourrons pas l’aider.

4. Quel type d’associations accompagnez-vous ?

Nous accompagnons toujours des associations en lien avec les missions de la communauté d'agglomération (environnement, santé, développement économique...), sinon nous n’aidons pas.

Ce n’est pas formalisé comme du mécénat de compétences ou du pro bono car c’'est dans notre ADN : une association qui fait une action dans le domaine de la santé aide la communauté d’agglomération dans sa mission. Pourquoi ne pas l'aider en retour ?

En fonction des thématiques, ça peut être la ville ou l’agglomération qui s’en occupe. Mais ça se limite aux structures du territoire, qui ont des missions d’intérêt général, et aux causes que l’on porte. Si c'est une structure qui n'a rien à voir avec les compétences de la communauté d’agglomération ou le territoire, alors nous ne pourrons pas l’aider.

Si une structure veut être accompagnée, la question est posée en interne pour savoir qui peut y répondre. Nous analysons la nature du projet pour aider au mieux. [...] Il pourrait être intéressant d’avoir un programme d’engagement pour formaliser un peu plus nos processus.

5. Quelles sont les différentes étapes de la ou des mission(s) ?

La mise en contact avec les structures est très informelle. Nous sommes là pour animer le territoire, pour le faire vivre et le développer. N'importe quel acteur peut nous contacter mais il n’y a pas de candidature, on ne peut pas refuser d’aider.

Par exemple, on peut prêter du matériel grâce à la direction du patrimoine. Certaines associations organisent des festivals et le font en partenariat avec la ville pour emprunter du matériel, à titre gracieux. Les services techniques peuvent venir monter et démonter le matériel.

8. Quelles sont les compétences mobilisées et mobilisables ?

Si une structure veut être accompagnée, la question est posée en interne pour savoir qui peut y répondre. Nous analysons la nature du projet pour aider au mieux. Nous les renvoyons ensuite vers le service dont c’est le cœur de métier. Mais comme je le disais, une structure ne peut pas faire appel à nous en dehors de nos compétences, là est la limite.

Il pourrait être intéressant d’avoir un programme d’engagement pour formaliser un peu plus nos processus. Pour l’instant, je ne peux pas répondre à une structure qui ne répond pas à mes missions.

9. Y a-t-il eu des freins, et si oui, lesquels ?

Les services de fonctionnement interne (RH, finance, comptabilité, juridique), les personnes qui s'occupent de la paye par exemple, ne peuvent pas aider d’autres structures. Ces services ne sont pour l’instant pas en lien avec des structures d’intérêt général.

Autre limite, qui n’en est pas vraiment une mais qu’il faut savoir : on n’a pas le droit d’aider une structure plus qu’une autre. Il faut pouvoir justifier en permanence de cette égalité de traitement. C'est vraiment une culture.




* Nous parlons dans cette série de "pro bono" et non spécifiquement de mécénat de compétences : le mécénat de compétences est un dispositif fiscal qui, dans les faits, ne pourrait s'appliquer à des acteurs publics.

** Les entretiens ont été anonymisés, certaines initiatives étant menées de manière officieuse par les agents.


💡 La série d'entretiens "Agents publics et pro bono" a été réalisée entre décembre 2019 et mars 2020. Ses 8 entretiens explorent les pistes de mise en oeuvre de programmes pro bono ou de mécénat de compétences au sein du service public. Retrouvez les autres entretiens ci-dessous :

👉 Agents publics et pro bono : le dispositif de congés solidaires d'un département breton

👉 Agents publics et pro bono : témoignage de Quentin, maire

👉 Agents publics et pro bono : témoignage de Lisa, DRH

👉 Agents publics et pro bono : témoignage de Sylvie, adjointe à l'ESS

👉 Agents publics et pro bono : l'exemple d'une Fondation territoriale



©️ Photo by Adam Winger on Unsplash

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