L'actus
du Pro Bono
Le mécénat de compétences au cœur de la Fondation EY
Pour soutenir les associations, la Fondation d’entreprise EY a pris le parti d’opter pour le mécénat de compétences.
Manon Philippe
24 janv. 2023
Pour soutenir les associations, la Fondation d’entreprise EY a pris le parti d’opter pour le mécénat de compétences. Plutôt que verser de l’argent, elle met à disposition les compétences de ses collaborateurs sur leur temps de travail. Fabienne Marqueste, déléguée générale de la Fondation d’entreprise EY, a accepté de nous en dire plus.
Une fondation résolument tournée vers le mécénat de compétences
La Fondation EY, c’est une histoire qui dure depuis maintenant 15 ans ! Son axe d’intervention historique est assez éloigné de l’offre commerciale d’Ernst & Young (EY) et de son cœur de métier puisqu’elle soutient les savoir-faire manuels. L’objet initial de la Fondation ? Créer une passerelle entre les métiers manuels et les métiers intellectuels et favoriser la rencontre entre deux mondes trop souvent éloignés.
« Nos collaborateurs apportent leurs compétences techniques et humaines (finance, juridique, développement, communication…) à des profils différents des leurs, ce qui permet de changer de regard grâce à la collaboration induite par le mécénat de compétences. » précise Fabienne.
La Fondation a suivi cette philosophie jusqu’en 2019, date à laquelle elle a choisi d’élargir son champ d’action avec un second domaine d’intervention : l’insertion par la formation et l’emploi. La priorité de la Fondation reste d’offrir la possibilité à tous les collaborateurs qui le souhaitent la possibilité de s’engager. « Il y a une connexion entre les besoins de la société civile et les collaborateurs de l’entreprise qui peuvent y répondre grâce à leurs compétences. » Pas question de négliger l’humain dans la poursuite de cet objectif : engager le plus grand nombre de salariés passe par un positionnement choisi avec soin, et du lien avec les collaborateurs.
Un format d’engagement adapté aux besoins des associations et des collaborateurs
Près de 600 collaborateurs engagés et 30 à 40 structures accompagnées par an. En 2021, ce sont environ 10 % des salariés d’EY en France qui ont choisi de dédier du temps à des projets d’utilité sociale. Les formats d’engagement varient, mais l’idée est d’engager les collaborateurs sur une demi-journée ou une journée pour des formats « marathons », des ateliers d’intelligence collective visant à répondre à une problématique stratégique pour l’association. Un tiers des projets ayant fait l’objet d’un pro bono ont ensuite pu être soutenus sur la durée.
« Nous souhaitons privilégier un accompagnement qui s’inscrit dans le temps . Il n’y a pas un volume d’heures minimum ou maximum : il faut que les collaborateurs qui s’engagent volontairement soient disponibles. Il n’y a pas de temps sacralisé, tout est basé sur l’autonomie et la souplesse ».
L’accompagnement peut aller jusqu’à deux ans en fonction des contraintes des volontaires et des associations. L’idée de cet accompagnement long terme, c’est aussi d’aider les structures associatives à acquérir des compétences pour qu’elles soient autonomes. Par ailleurs, la Fondation EY travaille aux côtés d’intermédiaires de l’engagement, tels que Makesense et Pro Bono Lab, pour mener à bien des missions d’engagement ponctuel.
L’humain au cœur de la stratégie de mécénat de compétences
L’engagement humain est le maître mot et a d’ailleurs été inscrit dans les statuts de la Fondation EY.
« On ne souhaite pas laisser les collaborateurs livrés à eux-mêmes sur une plateforme. Porter attention à ceux qui s’engagent est fondamental pour apporter le plus de valeur possible : notre objectif est qualitatif, les journées sont plus riches avec des points de vue différents, des profils juniors et d’autres plus expérimentés. Pour accompagner un projet dans son ensemble tant sur le plan technique qu’humain, prendre en compte les compétences des collaborateurs et s’assurer qu’elles soient en adéquation avec la mission est essentiel » poursuit Fabienne.
Mobiliser les collaborateurs passe non seulement par la communication interne, mais aussi la rencontre individuelle avec les volontaires : « Il faut donner envie aux collaborateurs et montrer que l’on prend en compte leurs appétences tout en répondant aux besoins des associations. Il s’agit d’une démarche libre qui dépend de la volonté de chacun ! Les collaborateurs semblent avoir tous conscience qu’ils retirent et apprennent beaucoup de cette expérience ».
La Fondation EY ne s’arrête pas là et est également très impliquée dans le sourcing des structures et projets bénéficiaires. Pour cela, la Fondation s’est par exemple rapprochée d’acteurs clés des métiers manuels comme les Compagnons du Devoir, ou encore le COET-MOF. Elle exerce une veille quotidienne, car « mieux connaître les associations, c’est aussi se donner les moyens de mieux les accompagner ».
La Fondation est donc très présente sur toutes les phases de l’accompagnement du projet (du sourcing jusqu’à la fin de la mission), auprès des collaborateurs, comme auprès des associations.
Des retours très positifs de la part des collaborateurs
Frédérique Piai, associée en audit, présente depuis 15 ans chez EY, participe à des marathons pro bono et à d’autres opérations. Pour elle, s’engager c’est sortir de son cadre de travail et donner de son temps pour de beaux projets associatifs : « Participer à ces journées pro bono donne un sentiment d’utilité et de sens au travail, en plus de découvrir des sujets très variés. Je travaille beaucoup avec les chiffres et cela me remet dans le concret et le réel. »
Une opinion que partage Géraldine Roussel, avocat fiscaliste depuis 12 ans chez EY Société d’Avocats. « J’ai fait mon premier marathon EY il y a 7 ans. Je donne de mon temps sur des missions ponctuelles et des accompagnements plus longs comme pour Enjoué, Les clés de l’Atelier. Ce qui m’importe le plus, c’est de me sentir utile, de rencontrer des personnes engagées et d’apporter une plus-value collective à l’association. »
Fabienne Marqueste, déléguée générale de la Fondation EY, remarque que la plupart des collaborateurs engagés se réengagent après une première expérience.
« Je m’engage aussi sur mon temps personnel mais intégrer le pro bono à ma vie professionnelle est plus facile au vu de nos charges de travail. » reconnaît Géraldine. Même son de cloche pour Frédérique Piai qui s’engage via la Fondation EY, mais aussi en dehors de son cadre de travail, pour l’association EM Lyon au féminin.
Pour les collaborateurs, la Fondation EY c’est être utile et concret, mais c’est aussi une bouffée d’oxygène. C’est également la découverte d’un nouveau secteur, celui de l’économie sociale et solidaire. Si certains collaborateurs ont parfois peur de ne pas être à la hauteur, à la fin de la journée, quand vient l’heure du tour de table, ils sont unanimes : « Les idées fusent, nous avons collectivement pu venir en aide à cette association, et nous en avons retiré beaucoup de satisfaction ! ».