L'actus
du Pro Bono
Qui que vous soyez, vos compétences peuvent contribuer à construire des solutions pour le monde de demain
Discours de clôture du Pro Bono Day 2019, par Céline Laurichesse, Présidente de Pro Bono Lab
Manon Philippe
20 janv. 2021
Bonjour à toutes et tous,
Je suis particulièrement heureuse que nous ayons fait ce pari d’une journée entière consacrée au pro bono, sous toutes ses formes, dans toutes ses caractéristiques, et dans toutes les questions qu’il nous pose aujourd’hui… et nous posera demain. Le fait que nous ayons été si nombreux nous conforte dans notre choix : nous avons eu raison de rassembler tant d’acteurs aujourd’hui, de leur donner la parole et de réfléchir, ensemble. C’est sur la force de ce collectif que l’on pourra s’appuyer demain pour développer le pro bono, garantir le fait qu’il soit mis en place avec éthique et professionnalisme et évidemment, donc, maximiser son impact.
Depuis ce matin, nous nous sommes posé de nombreuses questions, parmi lesquelles “le pro bono participe-t-il de la raison d’être de l’entreprise ?” , “le pro bono permet-il aux associations de se développer efficacement ?”, et pour les individus, après tout, “pourquoi faire du pro bono ? Qu’est-ce que ça apporte vraiment ?”.
Permettez-moi, en tant que Présidente, de vous livrer ce que je retiens dans tout ce qui a été dit aujourd’hui sur ces 3 questions.
D’abord, pour l’entreprise, je retiendrais que par son engagement pour le bien public, elle peut rendre à la société quelque chose de plus grand qu’elle, de plus grand que la satisfaction de ses clients, de plus grand que la création de valeur.
Définir la “raison d’être” d’une entreprise ne se fait pas sans prendre en compte toutes les parties prenantes impliquées dans son activité, et en particulier celles qui lui permettent de fonctionner au quotidien : ses salariés.
De nombreuses d’entreprises l’ont déjà compris, et le pro bono, mécénat ou bénévolat de compétences, est une pratique qui se généralise. Tout n’est pas acquis, il reste encore un long chemin devant nous, de sensibilisation, de formation, de promotion, mais je crois (et cette journée nous le confirme) que nous sommes en bonne voie. Ce qui est certain, c’est que l’engagement des collaborateurs, à l’heure de la raison d’être ou de l’entreprise à mission, s’impose, selon nous, comme un indispensable. Quoi de plus naturel pour une entreprise qui se dit engagée que de permettre à ses salariés de s’engager
à ses côtés ?
Celle qui ne le ferait pas se prive d’un formidable potentiel. Elle se prive d’une véritable preuve par l’action concrète. Car pour moi, il n’y a pas plus concret que l’engagement d’un collaborateur pour incarner l’engagement de son entreprise.
Je retiendrais aussi la raison d’être du pro bono, rappelée aujourd’hui par des entreprises persuadées que des ponts existent et que d’autres doivent se construire avec les structures de l’ESS. J’aimerais notamment vous rappeler des propos tenus ce matin par Anita Kirpalani, d’EPIC : “Attention à ce que le pro bono ne soit pas seulement un moyen pour les entreprises de se donner bonne conscience quand le climat social ou le moral des troupes ne sont pas au beau fixe, quand des problématiques de fin de carrière se posent à elle. Le pro bono n’est pas un pansement que l’on pose sur des problématiques RH.” D’autres propos, dont ceux de Sylvaine Parriaux d’Admical par exemple, sont allés dans le même sens. Et je tiens à le redire, avec beaucoup de force : le pro bono doit d’abord, et je le répète bien, d’abord, répondre aux enjeux d’intérêt général des structures bénéficiaires.
Bien sûr, comme toute démarche altruiste, il peut être et il est bénéfique en retour. Permettre de trouver du sens, développer des savoir-faire, fédérer des équipes… Bien sûr le pro bono répond à d’autres besoins que ceux des structures accompagnées. Mais l’expérience la plus riche, celle que nous valorisons avec Pro Bono Lab et avec d’autres, est celle qui ne perd pas de vue son objectif : répondre aux besoins de ces structures, pour le bien public. Et c’est ce premier message que je souhaite vous adresser Monsieur le Ministre, Cher Gabriel Attal : comptez sur nous, avec d’autres dont nombreux étaient présents aujourd’hui, pour veiller à ce que le mécénat de compétences s’exerce dans le respect de cet objectif.
Alors, si et seulement si celui-ci n’est pas perdu de vue, le pro bono devient un réel levier de développement des structures de l’ESS. C’est ce que nous souhaitons garantir avec Pro Bono Lab, chaque jour. Notre mission à nous est claire : diagnostiquer les besoins des structures de l’ESS, puis favoriser l’engagement de tous pour que ces besoins puissent être satisfaits. Pour cela il faut que la rencontre entre les deux soit préparée, encadrée, outillée, animée. C’est précisément le coeur de notre métier.
Enfin, pour l’individu, je retiendrais les bienfaits du pro bono à n’importe quel moment de sa vie. Contribuer à construire un monde meilleur pour demain, par la compétence, n’est-ce pas une idée structurante dans la vie de chacun ? Les compétences, le travail, le statut social sont des éléments importants pour chaque femme et chaque homme. L’activité pro bono est aussi épanouissante que l’activité professionnelle, parfois même beaucoup plus, nous l’avons vu. Lorsque nous réaffirmons sans cesse que toute compétence est un bien public, c’est parce que nous croyons nous aussi en cette valeur de “l’activité bénévole”, de “l’activité pro bono” et constatons chaque jour les bienfaits sur celui qui donne. Nous croyons que cette activité ouvre les perspectives d’une société plus inclusive, où chaque personne peut trouver sa place, où chaque personne est en capacité d’agir… simplement par la transmission de ce qu’elle sait, de ce qu’elle connaît. Une société où la valeur d’une personne se mesure, au-delà d’un capital financier, à la hauteur de son capital humain.
Je voudrais ici, vous l’avez compris, décorréler les compétences, du travail et du statut social. Car oui, un étudiant a des compétences. Oui, une personne en recherche d’emploi a des compétences. Oui, un retraité a des compétences. Tout comme tout salarié, cadre ou non, d’une petite, moyenne ou grande organisation. Qui que vous soyez, vos compétences peuvent contribuer à construire des solutions pour le monde de demain. Qui que vous soyez, notre société doit reconnaître cet investissement humain. Qui que vous soyez, elle doit le valoriser. Elle doit l’encourager. Et c’est le second message que je souhaite vous adresser ce soir, cher Gabriel Attal.
J’espère que vous repartirez toutes et tous de cette journée, qui se termine, avec des interrogations. Pourquoi des interrogations ? Car le pro bono est adaptable à toute situation et que si tel est le cas, c’est que nous aurons ouvert pour vous des perspectives nouvelles. Alors continuons à nous poser des questions, continuez avec nous à vous en poser, pour rendre cette pratique toujours plus vertueuse, pour maximiser son impact et pour faire d’elle, comme Pauline Véron (Adjointe à la Maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à la démocratie locale, la participation citoyenne, la vie associative et la jeunesse) l’a appelé de ses voeux cet après-midi, un incontournable d’une société de l’engagement.
Merci encore d’avoir été si nombreux à participer à cette journée.
Merci à tous nos partenaires et intervenants pour la qualité de leur contribution à cette journée.
Merci à Flavie Deprez, directrice éditoriale et de la communication de Carenews, d’avoir une fois de plus répondu à notre appel avec tant d’enthousiasme, de professionnalisme et d’humour, il faut le dire.
Merci à Sylvain et à toute l’équipe de Pro Bono Lab qui a coordonné ce temps fort, pour leur travail remarquable et leur implication au quotidien.
Je vous donne rendez-vous en mai 2020 pour notre Sommet International… puis en octobre 2020 pour une 3ième édition de ce Pro Bono Day.