L'actus
du Pro Bono
Bénéficier de mécénat de compétences en inter-contrat - Yves, Coop-ère
Yves Reyherme, directeur de Coop-ère, a bénéficié de mécénat de compétences de la part de cabinets de conseil, notamment en inter-contrat. Il nous partage les bonnes et mauvaises pratiques identifiées.
Manon Philippe
1 févr. 2022
Dossier complet sur le mécénat de compétences des cabinets de conseil
Yves Rey-herme est directeur de Coop-ère, association fondée il y a 4 ans, dont la mission consiste à démultiplier les liens entre habitants, dans une réelle proximité (résidence, rue, etc.) à travers des solutions innovantes, notamment une plateforme et des cafés rencontre.
1. Dans quel cadre avez-vous bénéficié de mécénat de compétences avec des consultants en intercontrat ?
J’ai bénéficié de mécénat de compétences dans le cadre d’une mission pro bono avec Pro Bono Lab et un cabinet de conseil spécialisé dans le numérique et l’informatique. Cela devait permettre à l’association Coop’ère de bénéficier d’un double appui :
- Conception d’une newsletter : concevoir une newsletter adaptable par réseau (template, trame avec un mode d’emploi, qu’est-ce qu’on utiliserait comme outils, comment ça peut se décliner dans les quartiers) sur 2 niveaux, national et local
- Mesure d’activité / reporting : travail sur les outils, les indicateurs, l’impact de l’association. Avec l’objectif de voir comment l’organiser pour que ce soit simple et attractif.
2. Comment ça s’est passé ?
La mission pro bono réalisée en période d’inter-contrat était clairement un échec.
C’était le premier confinement, ça se mettait en place. La personne travaillait chez elle depuis peu, son cadre de travail n’était pas forcément structurant pour elle. Nous étions obligés de relancer, sur l’avancement, les tâches, et ça a pris beaucoup de temps au volontaire de comprendre ce qui était attendu. Le projet n'a pas été réalisé jusqu’au bout - le volontaire a réalisé un cahier des charges pour la conception de la newsletter.
Les freins : personnalité trop pointue, trop de formalisation (suivi du process entreprises, pas du tout nécessaire pour notre association), pas assez dans la production. Ça rassurait la personne de passer par des niveaux de validation. Ce n’était pas une personne assez structurante / il y avait un problème d’organisation.
Je ne sais pas trop si c’était un choix de sa part de s’engager, ou si c’était une initiative poussée par le manager car cette personne était en période d’inter-contrat et qu’il y avait un enjeu de défiscalisation derrière (reçu fiscal demandé à la fin avec le nombre d’heures de mécénat de compétences).
La durée n’était pas définie comme on ne savait pas combien de temps ça allait, et nous avions défini une journée par semaine. Finalement, ça a duré de mars à juin pour un résultat partiel.
Le problème, c’est que le volontaire n’avait pas les compétences, ne maîtrisait pas le sujet sur la partie mesure d’activité / reporting, ce qui a donné lieu à beaucoup d’échanges avec l’association et le développeur : très chronophage.
Cette personne avait besoin d’un cadre, le travail de cadrage la rassurait. Or selon moi, pour mener à bien une mission pro bono, il faut être dans l’accompagnement, avoir un rôle structurant, être force de proposition. Il est normal de devoir préciser le cadre de la mission mais pas autant car cela se révèle extrêmement chronophage pour l'association.
Un.e autre volontaire a repris le sujet de mesure d’impact/activité, et cette fois-ci tout s’est bien passé : toutes les compétences étaient réunies, de bon réflexes humains et professionnels se sont mis en place sur un rythme souple, en fonction des disponibilités de la personne.
3. Quels conseils vous donneriez : le pro bono en intercontrat, bonne ou mauvaise idée ? Et pourquoi ?
Mes recommandations pour le bon déroulement d’une mission pro bono en inter-contrat :
- Cadrage de la mission clair en une semaine max (2/3 allers-retours)
- Être clair dans les objectifs
- Être assez vite dans la production
- S’assurer que la personne a les compétences techniques et comportementales pour la mission, que la personne soit structurante, comprenne bien les objectifs (c’est beaucoup lié à la personne).
Pour la première mission, c’était plus une source de stress pour le volontaire. L’aspect conjoncturel a dû jouer un rôle aussi (premier confinement). La deuxième mission s’étant bien passé, je renouvellerai l’expérience en fonction des prochains besoins que rencontrera Coop-ère.
“Les associations, en fait, n'ont pas toujours des organisations très structurées, d’où l’importance d’avoir des profils structurants. On est pris par pas mal de trucs, il faut qu’on sente que la personne est autonome et compétente à la fois techniquement et humainement.”
Aller + loin :
- 5 recos pour une stratégie de mécénat de compétences réussie – spécial cabinet cabinets de conseil
- Témoignage de Sarah Le Mesre, responsable de la Fondation Devoteam
- Témoignage d'Alexandra Rossi, Chargée des partenariats et développement d'Objectif pour l'emploi
- Replay de l'événement "le mécénat de compétences et les cabinets de conseil"