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Les compétences comportementales ou "soft skills" : enjeu RH et facilitateur d'engagement

Que sont exactement les « soft skills », et que permettent-elles dans un contexte où la coopération, les partenariats sont de plus en plus nécessaires ?
Manon Philippe
24 juin 2020

Que sont exactement les « soft skills », et que permettent-elles dans un contexte où la coopération, les partenariats sont de plus en plus nécessaires ?

La compétence, mais aussi le développement des compétences et également sa transmission sont aujourd’hui au cœur des enjeux qui traversent notre société : emploi et employabilité, égalité des chances et justice sociale. Dans le champ des compétences, les compétences comportementales, ou « soft skills », sont de plus en plus mises en avant.

Les compétences comportementales sont aussi appelées « soft skills » en référence (et en opposition) aux « hard skills », ou compétences techniques, définies dans le monde anglo-saxon comme les compétences acquises par le biais de l’éducation et de la formation initiale, et des formations et autres programmes de certification pendant la carrière professionnelle. Elles sont quantifiables, et il est possible de les évaluer. Elles sont spécifiques à chaque profession ou métier (programmation informatique pour un informaticien, biologie végétale ou animale pour un agriculteur) et peuvent aussi être communes à plusieurs métiers (comptabilité, gestion des ressources humaines, etc.).

Par opposition, les compétences comportementales, comme leur nom l’indique, relèvent des savoir-être et caractérisent la manière dont un individu interagit avec les autres : empathie, communication, gestion du temps, gestion du stress, créativité. Elles sont beaucoup plus difficiles à définir et à évaluer, mais sont pourtant de mieux en mieux appréhendées. Ainsi, parmi les initiatives portant sur le sujet, on peut citer l’association Article 1, qui accompagne des lycéens et étudiants issus de milieux populaires, et qui a développé l’outil Jobready pour leur permettre d’évaluer leurs compétences, techniques ou comportementales, et de les valoriser afin de mieux s’insérer professionnellement.

Dans les entreprises, une valorisation des soft skills par les professionnels des ressources humaines

En effet, les employeurs recherchent de plus en plus des personnes faisant preuve de compétences techniques, mais aussi comportementales. Une étude de Pôle Emploi datant de juin 2018 montre ainsi que le diplôme d’un.e candidat.e à un poste n’est pas à lui seul un critère suffisant pour qu’un employeur l’embauche. 60% des employeurs interrogés considèrent même que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques.

Les « soft skills » d’une personne représentent la certitude, en effet, que cette personne saura s’intégrer dans une équipe et être efficace tout en étant agréable avec ses pairs. Les entreprises ont donc tout intérêt à recruter des personnes qui ont acquis de solides compétences comportementales, et à encourager leurs équipes à les acquérir et à les développer.

« Soft skills » et partage de compétences

Les « soft skills » sont un formidable atout pour dépasser le cadre de l’entreprise en allant partager ses compétences avec des acteurs qui en ont besoin : structures à finalité sociale comme les associations, les entreprises de l’économie sociale et solidaire ou encore des individus.

Les nombreuses « Missions Probono » que Pro Bono Lab organise mobilisent des personnes volontaires pour venir en aide à des structures à finalité sociale, sur des périodes variées : Marathons Probono sur une journée, Sprint Probono pendant deux heures à l’heure du déjeuner ou en début de soirée, ou missions de conseil plus longues (plusieurs semaines, voire plusieurs mois) pour des projets plus complexes. Ces missions sont basées sur l’apport et le transfert de compétences : les associations font appel à ce type de service parce qu’elles n’ont pas les moyens de trouver les compétences dont elles ont besoin ; quant aux personnes volontaires, elles participent à ces missions dans l’idée de pouvoir partager leurs compétences.

Pour que tout se passe bien, il est nécessaire que toutes les parties prenantes fassent preuve de « soft skills ». Les volontaires, qu’ils soient salariés, étudiants ou demandeurs d’emploi doivent par exemple établir le contact avec la structure à finalité sociale, la mettre en confiance, expliquer et former à un outil ou une méthode, faire preuve de leadership, d’adaptabilité pour s’extraire du contexte dont ils ont l’habitude et travailler au service d’une structure dont les modes de fonctionnement, les valeurs, la structuration peuvent être très nouvelles, très différentes. Les structures accompagnées doivent quant à elles montrer des qualités dans leur communication pour expliquer au mieux leurs besoins. Il est fréquent de constater que les missions qui se passent le mieux sont celles où un bon contact se créé entre la structure accompagnée et les volontaires, où les volontaires font preuve d’écoute pour bien comprendre le besoin de l’association et proposer des solutions pertinentes, et ce, au-delà de leurs seules compétences techniques.

En outre, le fait de s’engager permet non seulement de partager, mais aussi de développer ses compétences comportementales, comme nous le montre l’évaluation des Missions Probono côté volontaires. C’est donc un cercle vertueux qui se met en place, et qui pourrait intéresser les entreprises, puisque des salariés engagés sont aussi des salariés plus empathiques, créatifs, adaptables, etc.

Un autre sujet qui a le vent en poupe aujourd’hui lorsque l’on évoque l’emploi et la compétence, surtout à l’avenir, est l’intelligence artificielle. Il est intéressant de constater que les compétences comportementales sont justement ce qui différencie les êtres humains des robots. Les « soft skills » n’ont donc pas fini de faire parler d’elles. De plus, dans une société où la coopération, la co-construction sont de plus en plus nécessaires, il est crucial que les différentes parties prenantes soient capables de bien communiquer ensemble, de bien s’adapter aux besoins des uns et des autres, de faire preuve de créativité… Grâce aux compétences comportementales, des mondes qui ne se côtoient pas toujours, qui n’ont pas les mêmes codes, peuvent parvenir ainsi à coopérer.

Source : Admical, le portail du mécénat (juin 2018)

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