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L’engagement pro bono des étudiants : partager ses compétences à tous les âges de la vie

L’engagement pro bono est défini comme la mise en disposition gratuite de compétences par des individus pour soutenir d’autres individus ou des structures œuvrant pour l’intérêt général qui n’auraient pas les moyens d’accéder à ces compétences. Mais qu'en est-il des étudiants ?
Pro Bono Lab
24 juin 2020

L’engagement pro bono est défini comme la mise en disposition gratuite de compétences par des individus pour soutenir d’autres individus ou des structures œuvrant pour l’intérêt général qui n’auraient pas les moyens d’accéder à ces compétences. Il est souvent perçu comme une forme d’engagement technique et exigeante, accessible à des professionnels ou des retraités qui utilisent les savoirs accumulés durant leur carrière. Qu’en est-il des étudiants ? Pas encore professionnels, ils ont cependant beaucoup à offrir en termes de savoir-faire et d’appétence pour l’engagement : selon l’INJEP, 36% des jeunes de 18 à 30 ans s’engagent en 2018.

Pourquoi s’engager au cours de son cursus universitaire ?

Les bénéfices de l’engagement pro bono sont variés pour les étudiants et correspondent à ceux que l’on retrouve également chez les professionnels ou les retraités : développement d’un sentiment d’utilité et d’appartenance à la société, ouverture, développement des compétences techniques mais aussi des savoir-être… Néanmoins, il peut être d’autant plus bénéfique de s’engager lorsque l’on est étudiant, pour deux raisons :

• En participant à des actions solidaires au cours de leur cursus scolaire et universitaire, les étudiants développent un goût pour l’engagement qui va pouvoir se poursuivre tout au long de leur vie, et notamment au sein de leur entreprise. Les actions de mécénat de compétences et d’engagement des collaborateurs en général ont plus d’impact et se déroulent mieux si les collaborateurs sont motivés, qu’ils ont envie de s’engager ;

• Le fait de participer à une mission pro bono au sein de son université permet d’utiliser les compétences acquises en cours pour un projet très concret, et de valoriser, voire de développer ces compétences. C’est une expérience qui peut être mise en valeur sur un CV et dans un processus de recherche d’emploi, et qui est intéressante pour des entreprises. Les profils d’étudiants engagés sont donc de plus en plus appréciés par les recruteurs, ce qui contribue à l’insertion professionnelle des jeunes.

L’engagement des étudiants en France

Les missions pro bono menées par les étudiants de la Junior Consulting Sciences Po, la Junior Entreprise de Sciences Po Paris, sont un bon exemple d’engagement pro bono étudiant. Au-delà de l’activité traditionnelle de conseil pour des entreprises, réalisée par des étudiants de l’école, l’association a créé un Fonds pro bono qui lui permet chaque année d’accompagner quelques associations gratuitement, sur plusieurs mois. Pro Bono Lab et la Junior Consulting Sciences Po organisent également des missions courtes (une journée) pour permettre à des étudiants de l’école, accompagnés de professionnels, d’accompagner des associations sur des problématiques précises et concrètes.

La loi dite « Egalité Citoyenneté », entrée en vigueur en décembre 2016, consacre l’importance de ce type d’actions, qui sont aussi bien bénéfiques pour les organisations accompagnées que pour les étudiants mobilisés. Elle comprend une première partie intitulée « Emancipation des jeunes, citoyenneté et participation » et réaffirme l’importance de l’engagement étudiant. Elle impose notamment aux établissements d’enseignement supérieur des aménagements pour les étudiants ayant des responsabilités associatives, et les compétences acquises au cours des expériences d’engagement étudiant doivent être valorisées, notamment via l’accord de crédits ECTS.

Et en Europe ?

Le projet BEESE, soutenu par le programme Erasmus + de la Commission européenne, a pour but d’équiper les universités européennes avec des outils et des méthodologies de manière à ce qu’elles puissent proposer à leurs étudiants des opportunités d’engagement pro bono. Pro Bono Lab participe à ce projet aux côtés d’organisations homologues, d’établissements d’enseignement supérieur et d’associations étudiantes situés en France et dans d’autres pays européens (Espagne, Portugal, Hongrie et Bulgarie).

A la différence de la France où a été votée la loi « Egalité Citoyenneté », il n’existe pas à l’heure actuelle de législation au sein de l’Union Européenne pour favoriser et valoriser l’engagement pro bono des étudiants. Le projet BEESE a pu voir le jour dans ce contexte, puisque la Commission européenne a été sensible au fait que le projet permettait d’une part d’améliorer l’employabilité des étudiants, à l’heure où le chômage des jeunes est une problématique prégnante en Europe ; et d’autre part de développer chez les étudiants une conscience citoyenne, pour qu’ils deviennent des citoyens engagés, à même d’amener des réponses à des besoins sociétaux de plus en plus complexes.

Comment valoriser l’engagement pro bono étudiant ?

Au sein des établissements d’enseignement supérieur, en France et en Europe, il existe de nombreuses manières de mettre en œuvre des programmes d’engagement pro bono, mais aussi de les valoriser : inclusion de ces programmes au sein de cursus ou de cours, actions organisées par des associations étudiantes, obtention de crédits ou pas…

Un article paru récemment au sujet de l’engagement des collaborateurs a montré que la valorisation de l’engagement peut être à double tranchant. En effet, pour que les bénéfices de l’engagement sur le collaborateur soient réels, ces derniers doivent intérioriser une « identité de bénévole », qui, contrairement à ce qui est souvent avancé, ne vient pas de la répétition d’actions solidaires, mais de la qualité de celles-ci : les collaborateurs se sentiront donc mieux s’ils peuvent choisir le projet pour lequel ils s’engagent, et s’ils sentent que ce dernier a du sens. A contrario, le soutien à une cause considérée comme « prestigieuse » par l’entreprise, la valorisation de l’engagement par cette dernière, et la reconnaissance du manager pour ce type de projet, a tendance à produire l’inverse avec le temps, car l’idée de l’engagement comme volontaire peut être remis en cause.

Dans quelle mesure ces effets de la valorisation de l’engagement pourraient aussi se révéler contre-productifs dans le cas de l’engagement étudiant ? Faut-il favoriser l’engagement au moyen de cours obligatoires, et le récompenser par des crédits ECTS, au risque que cet engagement ne puisse être perçu comme volontaire ? C’est une question à laquelle le projet BEESE pourrait apporter des éléments de réponse.

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